Historique de la première ouverture d'un portail :
Le dernier test d'ouverture du portail a lieu. Après plusieurs mises sous tension du banc de test, les ingénieurs décident d'augmenter l'énergie fournie, afin de percer de manière stable la première strate.
Dans un bel éclair bleuté, un disque émerge du centre du portail ovale et s'évanouit sur toute sa surface. Fixés sur leurs écrans, les engagés semi-militaires donnent le dernier % manquant. A la place du disque, c'est un rond noir, obscur et mat, qui apparaît. La tâche, stable, ne fait qu'une trentaine de centimètres de diamètre. Un grand froid se fait soudain ressentir dans l'alcôve Alpha. Sur les vitres blindées, la chute de température provoque l'apparition d'une épaisse buée, si bien qu'au bout de quelques secondes, il est impossible de distinguer nettement ce qui se passe à l'intérieur de l'alcôve.
L'opérateur chargé de surveiller l'ouverture du portail annonce les derniers chiffres : Ouverture : 99.5%, Energie fournie : 102%
L'alcôve est bien sûr fermée et étanche.
Vous avez été convié à cette première ouverture du portail, et vous vous trouvez avec M. Morgan, au poste de contrôle, derrière les vitres blindées.
Sur un signe de tête, Gabriel ordonne l'ouverture finale du portail.
Ouverture 99.6%, Energie fournie : 110% ; Vous distinguez très mal les containers laissés dans l'alcôve se mouvoir au sol vers le portail. La tâche fait 50 cm de diamètre, et continue de croitre.
Ouverture 99.7% Energie fournie : 119%. Les murs et le sol commencent à trembler, la buée gèle sur les vitres blindées, rendant aveugles les personnes sans écran. La tâche fait 1m de Ø.
Ouverture 99.8% Energie fournie : 129%. Certains des circuits électriques disjonctent, plongeant la salle de contrôle dans le noir. Sur l'écran, vous voyez les containers, attirés contre le montant du portail, se soulever de quelques millimètres et retomber sur le sol. la poussière qui tombe des murs de pierre est aspirée vers le centre de la tâche de 1.5m de Ø et forme une spirale. Des fixations de câbles électriques se détachent de la paroi, et laissent les câbles balancer dans le vide, attirés vers la tâche.
Ouverture 99.9% Energie fournie : 140%. Le tremblement ressemble maintenant à des secousses sismiques, Ce sont maintenant des pierres qui se détachent de la paroi et disparaissent dans la tâche de 2m de Ø. La tâche prend maintenant toute la largeur de l'encadrement du portail. Plusieurs voyants s'allument lorsqu’un grand bruit sourd se fait entendre : "OXYGENE BAS", "THERMIQUES GENERATEURS", "FUSIBLE CIRCUIT PRINCIPAL". Une sirène se fait entendre alors que les secousses vous empêchent de tenir debout. La plupart des ingénieurs et visiteurs courent vers la sortie de secours, indiquée par un pâle voyant. Vous n'êtes plus que 3 dans la salle de contrôle. Tout semble tanguer, ca doit être le manque d'oxygène ou le froid irréel qui a envahit la pièce.
Il est trop tard lorsque vous décidez de quitter la pièce. Vos jambes ne vous portent plus. A terre, vous tentez de respirer, de la glace se forme sous votre nez et autour de votre bouche lorsque vous expirez. Vous vous évanouissez après plusieurs secondes à terre, dans une obscurité totale.
Sur l'écran, vous auriez pu lire ; Ouverture 100%, Energie fournie 151%, 11:19AM
Vous vous réveillez, ou du moins le croyez vous. Que faites-vous ?
Froid... J'ai froid...
Quand j'ouvre les yeux, une épaisse brume blanche occulte les murs du poste de contrôle ou je crois encore me trouver. Des glaçons se sont formés dans ma barbe, mes cheveux, et mes sourcils. Tout est blanc... Terriblement blanc. Et ce silence...
Je me décide enfin à bouger quand j'aperçois non loin de moi une autre silhouette allongée. Mes muscles mettent du temps à entrer en action. Le froid, ou la douleur, ou les deux, je ne sais plus, sont terrible. Je me relève donc, mais tout bouge. J'ai du prendre un choc pendant l'ouverture... Attendez, l'ouverture ? Je la devine au travers la brume, un halo bleuté tirant sur le noir la traverse.
Tout à fait debout à présent, je monte tomber quand je remarque enfin la chose que j'aurais du comprendre dès mon réveil... Aucune trace des terminaux informatiques, aucune trace de murs en béton, aucune trace des sas de sécurités... Le sol est composé de neige et de glace, impossible de voir le ciel ni les murs tant la brume est compacte.
Je ne suis plus au terminal ARES.
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